Les premières Milices Citoyennes à Strasbourg

Les méfaits de la loi LOPPSI2 commencent à se faire sentir insidieusement…

Tout d’abord, un témoignage direct de scènes très inquiétantes dans la rue d’une de ces Milices à l’œuvre ; confirmé ensuite par un camarade qui se réfère au journal local qui fait une grande publicité de ce qui s’appelle officiellement « Service Volontaire Citoyen ».

En effet, pour avoir été témoin, à la rue de la 1ere Armée, ce midi, au niveau de la station tram, de scènes étranges, et d’abord sans aucunement porter des conclusions définitives, tout porte à croire que voilà les premiers pas du nouveau SVC généralisé et officialisé :

De la fenêtre d’un immeuble donnant sur la rue, je vois cinq personnes, en civil, apparemment une femme et quatre hommes, sans aucun signe distinctif. Ils sont autour de deux SDF, et rigolent avec eux, leur parlent. Mon attention ne se serait pas attardée davantage si un car de la police nationale, en patrouille, comme il y en a tant dans ce secteur, ne s’était pas arrêté à leur niveau.

Première chose étrange : les cinq individus vont gaiement vers le car de police, font des signes de la main. Un flic en uniforme sort, la femme lui fait la bise, les autres ont l’air très excité, presque gamins, à tous parler en même temps. Finalement, le car s’en va assez rapidement continuer sa ronde. Comme de vieux amis de longue date, les cinq individus leur font des signes d’au-revoir, de manière très démonstrative. Puis ils saluent les SDF qui ont l’air de ne pas comprendre. Je remarque d’ailleurs que d’autres passants, dans la rue à ce moment-là, ont également l’air surpris.

C’est alors que se produit le plus étrange : les cinq individus remontent la rue et au premier croisement, alors qu’une voiture se gare sur un trottoir, ils se précipitent et d’après les signes de main, lui font apparemment comprendre qu’il n’a pas le droit de se garer là. Comme le type en voiture a l’air de s’en foutre, tout à coup, ils lui disent quelque chose et le type en voiture donne ses papiers d’identité, son permis de conduire, et sa carte grise. Pendant 5 à 10 minutes (ce qui est très long), ils contrôlent ses papiers.

Première question : À supposer que ce soit des flics, des civils peuvent-ils contrôler des papiers selon leur bon gré ?

Deuxième question : Si ce sont des flics, et en civil, ce ne peut être ni des BACeux ni autre, donc qui sont-ils ?

Première conclusion : En considération de cela, et de plus sans aucun signe distinctif, ce ne sont sûrement tout bonnement PAS des flics. Pas officiels en tout cas.

Par ailleurs, ils ne font pas sérieux, ils sont à quatre en cercle à décrypter le permis de conduire, puis deux regardent l’intérieur de la voiture par la fenêtre, un autre vérifie les pneus, un autre va jeter un coup d’œil rapide au niveau du coffre. Et là, de plus en plus étrange, un des individus parle à un petit micro au niveau de son col. Les SDF plus loin, sur la même rue, ont l’air de débattre vivement de ce groupe et les montrent du doigt en causant vivement.

Après de longues minutes, et un nouveau speech au micro, ils rendent les papiers au conducteur qui s’en va fissa.

Là, nouvelle scène étrange, ils rigolent en cercle, ont l’air de beaucoup s’amuser.

Il est dommage que je n’ai pas d’appareil photo car j’en aura bien pris de ces scènes très curieuses. Puis ils remontent la rue et tournent en se dirigeant vers le centre-ville.

Car me revient aussitôt une des nouvelles mesures promises par la loi LOPPSI2, à savoir le « Service Volontaire Citoyen », sorte de Milices Citoyennes-Républicaines à la nature et au rôle flous. Voici d’ailleurs ce qu’on en sait :

RÉSERVE CIVILE DE LA POLICE ET SERVICE VOLONTAIRE CITOYEN

La réserve civile est constituée de retraités de la police nationale et de volontaires. Les retraités peuvent accomplir des missions de soutien aux forces de sécurité et des missions de solidarité et les volontaires des « missions élémentaires d’exécution » ou des « missions de spécialiste correspondant à leur qualification professionnelle ». Le service volontaire citoyen concerne des missions « de solidarité, de médiation sociale et d’éducation à la loi ».

Or, il semble que le journal local DNA (Dernières Nouvelles d’Alsace), de bonne droite par ailleurs, fait depuis longtemps la publicité pour ce genre de dispositif. En effet, cet article datant de février 2007. Voici notamment les critères de recrutement :

PNG - 20.4 ko

D’après des camarades, de nouveaux articles du même genre ont été publiés récemment, que ce soit aux DNA ou au journal 20 Minutes local.

À ce titre, voici un extrait d’article datant du 7 novembre 2010, trouvé dans les journaux L’Alsace et DNA :

PNG - 13 ko

Voici qui est explicite, si l’on n’avait pas encore compris : ce sont bien là un dispositif de Milice, de délation, de surveillance, sorte de gangs policiers, dont on ne sait ni les droits officiels, leurs équipements (apparemment, déjà un micro), voire leurs armements (moins probable, mais qui sait), leur autorité officielle (sont-ils des « représentants d’État » officiels et, en tant que tels, disposent des mêmes pouvoirs d’intimidation et de répression que toute police déjà existante).

Ces Milices d’État ne sont sûrement que les prémisses de prochaines milices davantage nationalistes, car qu’est-ce qui interdit à l’État de créer des milices qui soutiennent des rafles de sans-papiers, par exemple, de squats, etc.

En outre, il semble que la loi LOPPSI2 ne fait que GÉNÉRALISER et OFFICIALISER sur tout le territoire ce dispositif, déjà existant dans plusieurs secteurs, comme l’atteste ce blog de recrutement de la police :

PNG - 306.5 ko

En situation de mouvement social, de manifestations syndicales ou sauvages, d’émeutes en banlieues, d’occupations et de blocages, quelles seront les conséquences de l’élargissement et du durcissement de ce nouveau dispositif d’État ?

La guerre sociale ne fait que se durcir…

Que la peur change de camp.

guitoto – lundi 27 décembre 2010.